Chapitre 1 : Définir le vaginisme. De quoi parle-t-on?

Le vaginisme est souvent une expérience vécue dans la solitude et l’incompréhension. De nombreuses femmes qui en souffrent ne savent pas mettre de mots sur ce qu’elles traversent. Alors, qu’est-ce que le vaginisme ?

Le vaginisme est une contraction involontaire des muscles du plancher pelvien entourant l’entrée du vagin. Cette contraction est réflexe : elle se produit sans que la personne puisse consciemment la contrôler. Résultat : toute tentative de pénétration, qu’elle soit sexuelle, médicale ou même l’insertion d’un tampon, devient difficile, douloureuse, voire impossible.

Contrairement à une idée répandue, le vaginisme n’est pas un simple « blocage mental » ni un refus volontaire de la pénétration. Il s’agit d’un mécanisme de défense activé par le corps, souvent en réponse à une peur réelle ou anticipée. Cette réponse corporelle est similaire à d’autres réflexes : tout comme un œil cligne spontanément lorsqu’un objet s’approche, les muscles du vagin peuvent se contracter pour se protéger d’une intrusion perçue comme menaçante.

Vaginisme primaire et secondaire : deux réalités différentes

On distingue deux types principaux de vaginisme :

  1. Le vaginisme primaire : il concerne les femmes qui n’ont jamais réussi à expérimenter de pénétration vaginale, que ce soit pendant un rapport sexuel, lors de l’utilisation de tampons ou au cours d’examens gynécologiques. Ces femmes ont souvent grandi avec une méconnaissance de leur corps ou une appréhension liée à la sexualité. Parfois, elles n’associent pas immédiatement leurs difficultés au vaginisme, pensant que leur douleur est « normale » ou temporaire.
  2. Le vaginisme secondaire : il apparaît après une période où la pénétration était possible et non douloureuse. Il peut survenir à la suite d’un événement précis : une infection vaginale, un accouchement difficile, un traumatisme émotionnel ou sexuel. Ici, le corps, marqué par une expérience négative, développe une réponse de protection pour éviter une nouvelle douleur.

Dans les deux cas, les femmes touchées peuvent ressentir de la frustration, un sentiment de décalage par rapport à ce que la société considère comme une « sexualité normale », et parfois de la honte. Ces émotions contribuent souvent à l’isolement, retardant la recherche d’une solution.

Pourquoi le vaginisme est-il si mal compris ?

Le vaginisme reste aujourd’hui un trouble méconnu, y compris dans le milieu médical. Certaines femmes consultent plusieurs spécialistes sans jamais recevoir un diagnostic précis. Pourquoi ce retard ?

  • Les tabous autour de la sexualité féminine : Parler de douleur ou d’impossibilité de pénétration reste difficile, même dans des contextes médicaux. De nombreuses femmes hésitent à aborder ces sujets, par peur du jugement ou faute de vocabulaire pour décrire leurs symptômes.
  • Le manque de formation des professionnels de santé : Certains praticiens, peu informés, attribuent les douleurs à des causes « mentales » ou proposent des solutions inadaptées, comme des traitements uniquement médicaux sans prendre en compte la dimension psychologique ou émotionnelle.
  • La confusion avec d’autres troubles : Le vaginisme peut être confondu avec d’autres causes de douleurs sexuelles, comme la dyspareunie (douleurs lors des rapports) ou des pathologies comme le lichen scléreux.

Un trouble qui mérite une approche globale

Le vaginisme ne se limite pas à une contraction musculaire. C’est une expérience complexe, où le corps et l’esprit interagissent de manière intime. Le reconnaître comme un trouble à part entière est une étape essentielle pour commencer un chemin vers la guérison.

Dans les chapitres suivants, nous explorerons l’origine de cette réaction, ses causes profondes et les moyens bienveillants d’y répondre. Avant tout, sachez ceci : si vous souffrez de vaginisme, vous n’êtes pas seule. Ce que vous vivez n’est ni une fatalité ni une faiblesse, mais une réaction du corps qui peut être apaisée avec le bon accompagnement.